Peintre Djamel Tatah

May 20, 2024, 9:18 am

Biographie de Djamel Tatah Identiques et identifiables, les tableaux de Djamel Tatah n'en restent pas moins profondément mystérieux. Depuis la fin de ses études à l'école des Beaux-Arts de Saint-Etienne en 1986, les motifs de son oeuvre n'ont pas changé: jeunes hommes et femmes indéterminés, fragiles et pensifs, peaux claires en suspension sur fonds intenses. Il utilise une technique de dématérialisation à partir de photographies prises par lui-même, qu'il numérise et projette sur la toile pour s'en servir de trame. Ses personnages deviennent tout aussi reconnaissables qu'anonymes, simples exemplaires d'humanité décontextualisés. En vingt ans de carrière, c'est à peine si les formats s'agrandissent, devenant maintenant polyptyques, si les visages s'éclaircissent ou si les fonds prennent plus de couleurs. Il traduit ainsi une réalité permanente, faite d'entités qui nous encerclent. Personnalité discrète, il ne mentionne jamais l'Algérie, son pays d'origine, sauf peut-être dans une référence à Delacroix et ses 'Femmes d'Alger, ' et travaille au calme dans son atelier de Montreuil.

Peintre Djamel Tatah De

Constituée de cinq paires de visages affrontés, cette œuvre de Djamel Tatah est basée sur des profils opposés et des jeux de noirs et rouges. Entre intériorité et échange, entre confrontation et contact. Cette magistrale composition réunit une vingtaine de portraits d'hommes en pied, le regard tourné vers le sol. Avec leurs fonds alternativement jaune citron, bleu nuit et rouge sang de bœuf, ils rappellent par l'ampleur de la série les Shadows d'Andy Warhol. Détail de Sans titre (2005-2007) de Djamel Tatah, présenté dans l'exposition « Djamel Tatah », Collection Lambert, Avignon, 2017 (©Guy Boyer).

Djamel Tatah, Sans titre, 2012. Huile et cire sur toile, 300 x 400 cm (2 panneaux). Collection particulière, Dubaï, UAE. Photo Jean-Louis Losi English translation Il n'y a pas grand chose sur les toiles de Djamel Tatah, dont la Fondation Maeght présente la rétrospective (jusqu'au 16 mars), après le MAMA (où les toiles se répondaient superbement autour du puits central) et avant le Musée de Saint-Étienne. Non, pas grand chose: déjà, il n'y a pas de fond, pas de décor, pas de paysage, juste des grands aplats monochromes, parfois lisses comme des glacis et parfois légèrement ombrés et vibrants, comme si une vie souterraine y affleurait. De grands rectangles de couleur sourde, où même bleu et rouge semblent avoir été bridés, dé-tonifiés, adoucis jusqu'à la plus extrême sobriété. Djamel Tatah, Sans Titre, 1989. Huile sur toile et bois, 92 x 70 cm. Collection Bernard Massini. Photo Carol Faure Pas d'accessoires non plus, pas de meubles, pas d'outils, pas de détails, rien que des hommes et des femmes tels quels, face à nous, même pas un bijou, si on excepte une rare boucle d'oreille sur un tableau de 1989, mais ça ne se reproduira pas.